Dans une année assez moribonde dans le domaine du blockbuster, il y a un film qui aura su tirer son épingle du jeu au niveau du public, réussissant même à surpasser les attentes assez basses entourant ses revenus financiers par un bouche à oreille positif. Elle a de grand yeux, c’est une grande combattante et sa personnalité ne peut que nous provoquer l’affection pour ses aventures. Son nom ? Alita.

Scénario : James Cameron et Laeta Kalogridis
Durée : 122 min.
Synopsis : Alita se réveille amnésique dans un monde qu’elle ne reconnait pas. Elle découvre peu à peu que son réveil provoque des remous parmi les autorités d’Iron City…
Alita, c’est d’abord une performance technique sous-estimée dans la recréation d’un personnage par le biais de la performance capture. Difficile de ne pas être fasciné par les rapports entretenus avec les autres personnages, brisant en quelques minutes des « interdits techniques » qui auraient pu limiter notre croyance au personnage et son statut tangible. Rodriguez joue habilement de cela en l’introduisant directement dans un monde coloré et à la nature futuriste directement visible, amenant le questionnement sur la réalité des lieux plus que sur celle de son protagoniste, rempart des mêmes interrogations géographiques.
D’ailleurs, il est toujours important de parler de Rodriguez à la mise en scène car, bien que l’on ressente la place de James Cameron derrière le récit ou certains cadrages, le réalisateur de Desperado amène sa propre touche au film, notamment par sa gestion des effets spéciaux, en cohérence avec les questionnements du metteur en scène de Terminator sur la place de ceux-ci d’un point de vue narratif et émotionnel. Il offre également des séquences d’action renversantes tout en gardant un statut lisible et épique. Mieux : loin de ralentir son histoire par l’action, elle la nourrit, notamment par le rapport à Alita à sa mémoire liée au combat. Il y a donc de quoi être largement grisé autant par l’éblouissant spectacle offert (le Motorball !) que par son homogénéité à un récit riche.
On peut ainsi déceler en Alita des interrogations sur l’humanisme et le rapport au corps, discrètes certes, mais avec assez d’ancrage pour amener à plusieurs interrogations durant un récit à la linéarité simple d’apparence mais riche dans les détails émaillant durant le métrage. La fluidité de l’avancée de l’histoire reste encore éblouissante tant les personnages avancent sans fils mécaniques tels que certains blockbusters peuvent nous les offrir actuellement. La romance est des plus touchantes et ne tombe jamais dans le chamallow simpliste. Tout est fait pour nous offrir un blockbuster aussi fort que réjouissant, porté par l’amour du personnage titre qu’ont Robert Rodriguez et James Cameron.
Sans tomber dans le graphique du manga, qui lui aurait valu un Rated R handicapant pour un budget aussi élevé, Alita parvient néanmoins à conserver une certaine violence au point d’aller assez loin au niveau du PG 13 (le sort réservé à un des personnages secondaires est ainsi assez glaçant). Il y a ainsi une cohérence visuelle dans l’univers, bien mise en valeur par la photographie de Bill Pope qui permet d’offrir quelques plans d’une beauté aussi élevée que leur portée mythologique (la dernière image illustrant la découverte d’Alita par Ido) ainsi qu’un contexte socio politique que l’on devine brossé sans être surexplicité, la narration adoptant déjà un rythme assez rapide pour risquer de perdre en lourdeur sur un arrière-plan qu’on parvient déjà assez à imaginer.
En plus de cette représentation d’une société divisée par une imagerie qui aura été reprise notamment par Neill Blonkamp pour son Elysium, Alita parvient à mettre des traits humains au film, que ce soit par ses interrogations transhumanistes amenées auparavant mais également donc ce contexte économique ainsi que social, notamment dans le rapport père-fille entre Ido et Alita, le premier devant accepter le statut de la seconde pour lui permettre d’être elle-même et non une simple copie de sa fille perdue. De quoi apporter une certaine émotion à un récit rondement bien mené.
Attention, ce paragraphe contient quelques détails approfondis sur le film. Son visionnage est donc hautement recommandé avant d’entamer cette partie.
Dès lors, c’est une forme de frustration qui nous guette lorsqu’un final tragique fait place à une promesse d’épopée furieuse, Alita cristallisant la rage de la société face à l’écrasement mené par Zalem ainsi qu’une porteuse du flambeau de la révolution. Quand on connaît les résultats financiers assez bas (mais pourtant plus élevés que prévu) du film, on croise les doigts pour que l’on puisse savoir comment la jeune femme pourra avancer dans un ou des nouveaux films qui pourraient offrir autant de sensations grisantes que ce volet qui pourrait certes se suffire à lui-même mais nous achève imaginant ce que pourrait accomplir Alita par sa portée mythologique forte.
Fin de la zone spoiler.
Alita Battle Angel constitue en ce sens un blockbuster de qualité, offrant un nouvel univers aux spectateurs habitués aux mêmes produits finissant par se ressembler les uns aux autres. C’est furieux, réussi, usant de la technologie pour appuyer sa narration tout en étant porteur d’une mythologie intéressante tout en poussant Robert Rodriguez à accomplir peut-être son meilleur film. Croisons donc les doigts pour qu’une ou des suites aient lieu au vu de la réussite éclatante de ce divertissement à la portée culte assez évidente….
- Le style visuel
- Alita!
- Un casting parfait
- Le récit va vite, très vite.