The Wicked + The Divine est la nouvelle série du duo Kieron Gillen et Jamie McKelvie responsable de la très bonne série Young Avengers. Le tandem récidive donc, mais cette fois hors des guidelines imposées par Marvel, une liberté qui semble leur donner la clé d’une histoire où les auteurs se sont d’abord fait plaisir. Et le lecteur dans tout ça ?
Billets pour un concert
On suit la vie de Laura Wilson, fan de musique mais surtout fan d’Amaterasu, une pop star qui envoûte littéralement son auditoire. Et pour cause, cette chanteuse est une Déesse au sens propre du terme. Alors que Laura assistait à un concert de sa star préférée, elle s’évanouit comme la plupart des personnes présentes au concert. Au réveil, Laura se trouve nez à nez avec Luci, qui elle aussi, est une chanteuse à succès mais dans un style un peu plus trash. Cette dernière invite Laura dans les loges et lui propose de rencontrer sa star préférée. La jeune adolescente ne se fait pas prier et accepte. Dans la loge, Amaterasu se fait interviewer par une journaliste qui doute de la véracité des pouvoirs de ces artistes apparus subitement sur Terre. Cette partie de l’histoire est un moment important car on apprend plein de choses sur ces pouvoirs mais aussi sur leur durée. Globalement, ce don est actif durant deux années au terme desquelles il disparaîtra tout comme son détenteur qui mourra avec lui. Lors de l’interview un incident survient. La loge est la cible de tireurs embusqués qui font feu sur les pop stars. Luci va littéralement les faire sauter ! Cet incident aura pour conséquence l’arrestation et le jugement de cette blonde explosive, qui ne se passera pas comme on l’avait espéré….
J’aurais voulu être un artiste…
Avec ce premier tome de The Wicked + The Divine Kieron Gillen pose des bases solides à son histoire. Un univers dense où, la ou plutôt les mythologies sont ultra présentes. En effet, le scénariste pioche dans plusieurs mythes et religions pour insuffler dans son histoire une consistance et surtout une dimension fantastique qui restent tangibles pour peu que vous soyez amateur de mythologies en tout genre.
« Le levier » pop star est lui aussi intéressant, car même si il semble anecdotique, il aide à la caractérisation des personnages sans que l’auteur ait besoin d’y passer cinquante pages. On voit donc passer Kanye West, les Daft Punk ou encore David Bowie sous les traits de la très instable Luci. Une belle trouvaille qui donne une atmosphère très pop à ce premier tome.
Carte blanche
Le scénariste fait aussi référence à l’adolescence et à cette fameuse crise à laquelle personne ne semble échapper. Il le fait aussi, je trouve, avec beaucoup de finesse. On sent que Laura est une fille incomprise par ses parents, essayant de s’identifier à ces stars. Mais elle fait également attention à ce que son image ne soit pas ternie par certaines maladresses qui la feraient passer pour une cruche auprès de ses nouveaux amis. En somme Laura est une adolescente qui se cherche et qui teste des choses. Le thème de l’adolescence est un thème que Gillen semble affectionner. On l’a vu dans Young Avengers par exemple, ou encore dans Journey into Mistery. Ici, dans son creator owned, il en profite pour aller plus loin dans sa réflexion et n’hésite pas à jouer sur le côté adolescent chiant. En effet, au début on a du mal a s’attacher à Laura, sans doute parce qu’elle a ce côté un peu irréfléchi et nunuche. Cependant, le personnage va apprendre et évoluer durant ce premier tome. Et cet aspect est vachement bien exécuté. Il y a une véritable gradation sur son caractère, et ce, tout le long de l’histoire.
En parlant de caractère, il faut avouer que dans The Wicked + The Divine, il est difficile de se faire une opinion tranchée sur tel ou tel personnage. Même si ils sont représentés par des stars connues qui sont elle-mêmes la représentation de Dieux, il subsiste tout de même une caractérisation qui est loin d’être simpliste. Certains choix sont d’ailleurs assez surprenants.
Le dessin de Jamie McKelvie est un autre atout de The Wicked + The Divine, l’artiste a un style dynamique et épuré. Il excelle dans sa représentation des visages, qui sont hyper expressifs. Les influences au niveau graphique son clairement issues de stars existantes, mais cela ne gâche en rien le travail. Au contraire, il y a une force graphique qui se dégage dans chaque page, surtout quand le dessinateur fait des close-up, lors des dialogues par exemple. Soulignons aussi le travail de couleur de Matthew Wilson. C’est chaud, c’est brillant, on a l’impression d’avoir un tabloïd dans les mains qui va s’animer et faire de la musique tout seul.
- La partie graphique
- L'univers "Pop"
- Un numéro 1 qui donne envie d'en cécouvrir encore plus
- Quelque fois un peu complexe