Comment relancer une saga malmenée par des épisodes oubliables après un reboot qui aura définitivement divisé les fans ? C’est sûrement ce que s’est demandé Jason Blum à l’heure de réinitier les méfaits de Michael Myers, boogeyman d’Halloween à la puissance évocatrice peu à peu détériorée si l’on met de côté les volets passionnants de Rob Zombie.
Scénario : Jeff Fradley, Danny McBride et David Gordon Green
Durée : 106 min.
Synopsis : Alors que beaucoup ont tourné la page depuis les événements du premier Halloween, Laurie Strode se prépare au retour de Michael Myers…
David Gordon Green apporte un semblant de réponse dès l’ouverture en confrontant deux podcasteurs anglais au tueur, enfermé dans un asile après les événements du film original de Carpenter, effaçant définitivement toutes les suites qui auront émaillé. En voulant replacer le tueur face à son masque emblématique, ces personnages rappellent la portée symbolique du tueur et son rattachement aux festivités d’Halloween, le replaçant tel un trauma devenu mythe populaire. Myers est ainsi un vecteur de folie et de mal, patientant jusqu’au bon moment pour venir propager à nouveau la terreur.
Le traitement de Laurie Strode se rattache à cela, la dépeignant en survivante traumatisée et prête à reprendre les armes face à un monstre qui n’a plus rien d’humain. La gestion sera plus subtile avec sa fille et sa petite-fille, toutes deux victimes collatérales des atrocités commises il y a des décennies, tout en appuyant la puissance destructrice d’un Myers, symbolique d’un traumatisme se perpétuant à travers les générations.
En cela, ce dernier reprend de son importance symbolique et de sa nature de forme vidée d’humanité sur laquelle on peut raccrocher les lectures diverses. Sa double scène de retour à Haddonfield devient directement l’une des séquences les plus fortes du personnage tant la mise en scène de Green l’iconise et lui rend un statut de figure horrifique forte et ouvrant aux interprétations. Le bodycount assez élevé devrait ravir les fans de slasher en quête d’hémoglobine, le tout appuyé par une réalisation exemplaire d’un Gordon Green qui, après « Stronger », semble s’intéresser de plus en plus à l’illustration du trauma américain sur grand écran.
Ce nouveau « Halloween » sera certes vu comme iconoclaste pour certains mais dégage une telle fureur narrative et visuelle qu’il rend à Michael Myers ses lettres de noblesse dans le domaine de l’horreur. Bref, c’est aussi divertissant en tant que slasher que passionnant en tant que drame sur la terreur sourde qui gronde jusqu’au plus profond des mythes américains…
- La mise en scène de Gordon Green
- Les lectures analytiques possibles
- Un sacré body count
- Quelques manques scénaristiques (dûs au coupes?)