Comment adapter un roman de 700 pages en BD ? Et bien en faisant une adaptation basée sur une nouvelle écrite dans le même univers, mais se passant avant afin de voir si la sauce prend avec les lecteurs. Gagner la guerre (le roman du coup) a une réputation à tenir et son auteur, Jean-Philippe Jaworski, laisse les commandes à Frédéric Genêt pour un résultat attendu fébrilement par la horde de fans du romancier !

Fiche Technique :
Scénario : Jean-Philippe Jaworski.
Adaptation du scénario : Frédéric Genêt.
Dessins : Frédéric Genêt.
Style : Aventure, Actions, Fantasy.
Éditeur : Le Lombard.
Date de sortie: 25 Mai 2018.
Pagination : 64 pages.
Petits complots entre ennemis
Jaworski a un nom bien implanté dans le monde de la fantasy, que cela soit via le jeu de rôle (Te Deum pour un massacre, et des collaborations dans le célèbre magasine Casus Belli, pour ne citer que ces deux exemples notoires) que via ses romans qui lui ont fait gagner ses lettres de noblesse. Mais il a su aussi gagner une place dans le cœur des lecteurs et cela se ressent dans les différents « tops » des meilleurs bouquins de Fantasy dans lesquels il se hisse souvent au milieu des monstres du genre : Seigneur des anneaux, Trône de fer, Assassin Royal, etc… Le CV du mec n’est donc plus rien à démontrer. Il lui restait à conquérir le monde de la BD et c’est sous l’impulsion de Frédéric Genêt (nous apprend le préface) que le projet a été lancé. Si j’étais super content de voir, il y a quelques mois, que le projet se faisait, j’ai un peu déchanté en réalisant qu’on n’attaquait pas le cœur du sujet directement, mais que les auteurs trempaient doucement les orteils pour tâter la chaleur de la réception du public en adaptant : « Mauvaise donne ». Mais la magie opère, facilement et magistralement même. Parler en détails de cette bd c’est risquer de spoiler son histoire complexe et pleine de rebondissements, on découvre l’univers, ses codes, ses lois, ses protagonistes, ses antagonistes et parfois la ligne entre les deux est trèèèès trèèèèès floue. Le héros lui même est une sacrée crapule, manipulateur, rusé, létal, expérimenté, … Et il lui faudra bien tout ces talents pour se sortir du panier de crotales dans lequel il se retrouve à la fois proie et chasseur. Chassé croisé au milieu dans Ciudalia, cité du Vieux royaume aux très fort accent de Renaissance Italienne où magie, manigances , trahisons et alliances de circonstances sont les bases.
Du coup scénaristiquement Genêt et son consultant de luxe Mr. Jaworski nous offrent du tout tout bon, même si ce n’est pas une surprise, restait à passer le cap de la fameuse adaptation et verdict : j’ai enchainé la lecture de cette bd avidement. Le scénariste/dessinateur ne déçoit clairement pas que cela soit sur les dialogues, le rythme ou l’introduction de l’univers. je me retrouve à apprécier le choix de cette introduction avec Mauvaise Donne, en espérant qu’on attaquera le gros morceau de Gagner la guerre si les ventes suivent ! j’ignore le niveau d’implication de Jaworski dans la BD mais clairement Genêt n’a pas à rougir de son boulot.
Nos régions ont du talent
Frédéric Genêt, est un Bruxellois ayant été faire ses études dans une célèbre école d’arts de Bruxelles ! Je l’avais connu sur Samurai et là on retrouve le gars aux doubles commandes et tout ça sans en faire pâtir son trait ! Décors et mise en scène sont de haute volée et c’est un plaisir de chaque instant pour les yeux et sur chaque cases et planches. Les expressions des visages ne sont pas en reste et ont beaucoup de plans assez serrés sur les visages ce qui du coup est d’autant plus agréable. On en vient à regretter que le petit cahier graphique de fin d’ouvrage, montrant planches et travaux préparatoire, ne soit pas plus long.
- Beau.
- Malin.
- Addictif.
- Faut lire ça avec le cerveau allumé, mais est-ce vraiment un défaut ?