Véritable défi pour Robin Recht. En effet adapter une nouvelle aussi courte, qui plus est en un album de plus de 70 pages, est un tour de force… Ou un gros remplissage ? Découvrez-le en lisant cet article sur le nouveau tome de Conan le Cimmérien !

Scénario : adaptation par Robin Recht.
Dessins : Robin Recht.
Couleurs : Recht Robin.
Éditeur : Glénat.
Date de sortie: 12 Décembre 2018.
Pagination : 71 pages +8 pages de cahier bonus dans la 1ère édition.
On marche sur des oeufs.
Côté scénario, Mr Recht qu’on a pu voir récemment, aux dessins, sur l’adaptation de Elric (de Moorcock à Howard, le monsieur sait choisir ses projets !) toujours chez Glénat, s’est donc occupé de l’adaptation. Comme je le dis dans l’intro, j’avais pas mal d’interrogations sur ce projet vu que la nouvelle d’origine fait quelques pages, une dizaine tout au plus, et encore, écrit grand.
Le pitch tient donc en quelques lignes et a ce propos, le cahier qu’on trouve en fin d’album est super intéressant, toujours tenu par le spécialiste francophone de Howard : patrice Louinet, il nous apprend pas mal de chose sur l’histoire de cette nouvelle.
Sur le ressenti général de l’histoire je reste assez partagé sur le rendu. Il y a d’une part le fond, puis d’autre part la forme. Je commencerai par la forme. Faire un album de 71 pages sur une nouvelle si courte implique forcément des longueurs. Il y a des bonnes longueurs, comme ces grandes cases de paysages, quasi pleines pages d’ailleurs, puis les sublimes doubles pages. On se régale visuellement bien entendu mais cela pose également une ambiance très réussie. Le récit assez frénétique de la nouvelle prend donc un ton différent et une atmosphère pesante qui approfondi l’atmosphère brutale et sanglante puis carrément les sensations charnelles dans la deuxième partie. Là dessus c’est carton plein. Maintenant il y a quelques pages (vers les pages 48 à 58) ou on entend le coeur marteler de plus en plus fort. Je me suis pas mal questionné sur ce passage que je n’ai pas du tout aimé. C’est excessivement long et cela dérange la lecture plus que ça la sert. Imaginez 10 pages qui finissent par du remplissage de « Tôm Tôm » au point de ne quasi plus rien voir d’autre. Ici pour moi l’ambiance voulue n’a pas prise et m’a même fait décrocher par inconfort visuel. Il y a du sens, mais selon moi ce n’était pas la bonne solution narrative.
Sur le fond de l’adaptation il y a le malaise d’une histoire qui m’avait déjà dérangée en roman car elle parle d’un Conan, qui, aguiché, cherche à violer Atali, la poursuivant sans cesse pour assouvir ses pulsions. Si dans le roman la situation est courte et très claire, ici dans cette bd ça l’est moins. Mr Recht a enrobé le récit, rendant leur chassé croisé plus trouble. J’ai trouvé Atali bien plus aguicheuse ici que dans le roman, faisant sans doute passer un peu plus la pilule du monstre barbare que peut être Conan. Alors oui, c’est Conan c’est pas les Teletubbies, mais on marche sur des oeufs ici sur le sujet du viol et du consentement. Je ne veux pas lancer un débat ici, ce ne serait pas approprié. Mais Là où le roman avait le mérite d’être sans équivoque, ici j’ai trouvé cela fort dérangeant. Donc plus que jamais, cela s’adresse à un public averti.
la simplicité réside dans l’alcôve bleue, blanche, rouge et insoupçonnée
De nos rêveries, et vice et versa.
Visuellement c’est de très haut vol. Déjà vous allez admirer cette couverture pendant un paquet de temps. C’est tout simplement une des plus belles que j’ai vu dernièrement. L’intérieur joue sur un grand classique avec des ambiances assez fades et hivernales de bleus, de blanc pour illustrer les paysages de neige et de glace. cette plénitude sera lacérée littéralement par les éclats de sang, les armures sombres et inquiétantes des combattants et la chevelure de feu d’Atali. L’auteur prend des risques narratifs visuels qui sont quasi tous payants, encore une fois les battements de coeur sont à mon goût une faute, même si il y a un but très clair et très explicite. Le reste est ultra convaincant rien de moins.
- La couverture et les planches.
- Avoir inventé une ambiance sur un récit si court.
- Pour public averti !
- Pour public averti...
- Les 10 pages de coeur qui bat.