Conan de Cimmérie arrive dans un format franco-belge chez Glénat. Avec ce premier récit Glénat lance une collection dans laquelle des équipes « allstars » s’unissent pour nous raconter et nous montrer l’univers du barbare le plus célèbre du monde. Est-ce que cette œuvre a été béniee par Crom ?

Scénario : Jean-David Morvan.
Dessins : Pierre Alary.
Coloriste : Sedyas.
Style : Heroic Fantasy.
Éditeur : Glénat.
Date de sortie: 02/05/2018.
Pagination : 64 pages.
Sollicitation : Poursuivi pour avoir tué un juge, Conan trouve refuge in extremis sur un navire marchand. Mais peu de temps après avoir appareillé, le Cimmérien et ses nouveaux compagnons doivent faire face à une menace : les pirates de la légendaire Bêlit, autoproclamée Reine de la Côte Noire ! Après un combat éprouvant, Conan fait sensation auprès de sa terrible adversaire qui ne tarde pas à tomber sous le charme. Elle voit en lui celui qu’elle a toujours attendu, le roi pirate qui mènera ses hommes à la gloire…
Conan et des pirates sont sur un bateau
Robert E. Howard était un auteur prolifique mais parti très jeune, il a malgré cela fixé dans l’imaginaire des masses plusieurs personnages, Solomon Kane, Kull et Conan. Ce dernier a vécu 21 aventures écrites dans les années 30 et depuis il vagabonde des pages des comics aux écrans des cinémas, de jeux de société en jeux vidéos, bref il squatte de temps en temps la culture pop et 2018 est une de ces époques bénies par Crom. Si on n’a plus vu Arnold Schwarzenegger dans le rôle depuis 1984 (malgré les rumeurs persistantes d’un retour du Roi Conan d’Aquilonie vieilli) ni Jason Momoa depuis 2011. Cette année, l’an de grâce 2018, y a du Conan sur les têtes de gondoles : le jeu vidéo de survie en Hyborée « Conan Exiles« , les bandes dessinées Glénat, les comicbooks sortent toujours et ont été récupérés par Marvel (éditeur historique).
La reine de la côte noire est une des histoires les plus connues. Très courte mais elle condense tellement bien qui est Conan et ce qu’il fait dans la vie.
On retrouve donc notre Cimmérien en fuite après avoir refusé de balancer un pote criminel à un juge zélé. Conan, faut le dire, au delà de son physique impressionnant et de ses prouesses martiales et sexuelles à une caractéristique très marquante : il s’en sort toujours. Il est celui qui est debout à la fin des batailles, il est celui qui va éviter les éboulements de justesse, bref il est chanceux et c’est bien là au final un des traits principaux des vrais héros. Or donc alors que sa monture est atteinte par les flèches des gardes du défunt juge zélé, Conan arrive à tomber dans l’eau du port de Messantia, la capitale de l’Argos. Là il monte, sans pression, armé et armuré, sur un bateau marchand. C’est au culot (autre trait des héros) qu’il s’impose comme protecteur du bateau et de sa cargaison. Une traversée vers le Sud Est s’engage plus ou moins calmement (avec Conan faut pas rêver) jusqu’à croiser le pavillon du navire de Bélit, la reine de la côte noire et de son équipage aussi mystérieux que craint.
Je n’en dis pas plus du scénario. Vous l’aurez compris : aux opportunistes les mains pleines est le maître mot et c’est d’alliances en opportunités que Conan continue ses épopées. Un peu à la James Bond, séduisant les femmes magnifiques qu’il croise indubitablement dans son sillage rempli de cadavres. Sur le scénario, c’est un classique adapté sur 46 pages (+ un carnet de 16 pages assez bienvenu avec mise en situation, historique et illus hommages mais uniquement dans la première édition) Il n’y a pas grand chose à dire, j’avais lu les nouvelles et à vrai dire la bd met plus longtemps à lire que cette nouvelle. C’est donc plutôt sympa d’avoir une version dessinée, mais j’y reviendrai dans la partie dessin. Le scénario en lui-même est, comme je le disais, un classique dans la plus pure tradition Pulp et si je dois l’avouer, ce n’est pas l’histoire de Conan que je préfère, elle n’en reste pas moins palpitante et fondatrice pour des nouveaux lecteurs. On retrouve des répliques cultes sorties directement des nouvelles, posant et imposant le personnage au niveau de son caractère devenu un classique dans tant d’autres œuvres.
Bikini de mailles et peuples cannibales
Alors oui, Conan c’est aussi des stéréotypes vieillots qui font hurler les féministes et les ligues d’anti-racisme. Bélit et son équipage en sont l’exemple. On nous rappelle un temps où les latitudes permises sur la description de genres et des origines étaient différentes. Pierre Alary dans son plus pur style (Silas Corey, SinBad, etc…) dépeint son univers de Conan. Je dois avouer que le problème d’une telle licence est qu’on a une idée bien précise de ce à quoi doivent ressembler les gens et les choses, donc grosse entreprise périlleuse que de se jeter sur Conan (ou toute autre grosse licence). Alary fait un travail impecc avec ses mises en pages très dynamiques, utilisant des illustrations hors cases pour occuper la planche un maximum ça rend le tout très iconique et prenant visuellement. Les hommes dessinés avec des gueules cassées comme à son habitude et les femmes toutes en rondeurs (enfin, ici c’est la femme) c’est agréable de voir la patte de l’artiste s’approprier cet univers.
- L'univers est super bien adapté et illustré
- Les citations cultes
- Le carnet en fin d'album, super utile.
- Alary a un style tranché qui partagera
- Récit culte mais un peu trop vu de nos jours (ou pas?)