Voilà un gars qui est dans le grand livre des rancunes de pas mal de nains ! Kardum est un vendeur d’armes peu scrupuleux qui tape à tous les râteliers. Un anti-héros ? Peut-être, mais l’important c’est qu’en général ça fait des bonnes histoires les tranches de vie de ce genre de gars.

Scénario : Nicolas Jarry.
Dessins : Stéphane Créty.
Couleurs : Digikore.
Éditeur : Soleil.
Date de sortie: 24 Octobre 2018.
Pagination : 56 pages.
L’argent n’a pas d’odeur.
Nicolas Jarry, alias Monsieur Nains comme il devrait être appelé maintenant, nous a habitué à des scénarios vraiment cool. Il a clairement fait de Nains ma série préféré parmi les séries du monde partagé de Arran. D’album en album, on passe tour à tour à chacun des ordres : Bouclier, Forge, Temple, Errants et donc Talion. Chaque fois on suit une tranche de vie, voire carrément toute la vie d’un nain avec parfois des caméos de personnages, voire « héros », des précédents tomes. On en apprend plus sur les destins des membres du fier peuple Nain, us et coutumes, castes, règles, lois, leurs limites aussi. On va parler justement de leurs limites et surtout une : faire du commerce avec leur ennemi héréditaire, j’ai nommé les Orcs. Sous ses airs arrogants et désinvoltes, Kardum est un personnage riche (au propre comme au figuré) et complexe, vivant avec un passé qu’il a fuit pour des rêves de grandeurs. On le croit perdu à tout jamais dans cette vie de bourgeois où la morale a laissé la place à la recherche du profit absolu et ce, jusqu’à en déranger les gens du Talion qui ont, au final, aussi peu de morale que lui.
Jarry nous révèle alors la deuxième partie du récit, celle que je ne vais pas vous spoiler, celle où Kardum va se montrer, ou du moins essayer, plus malin que les autres en sauvant ce qui peut l’être voire plus…
Vous l’aurez compris, un récit haletant et assez original, même si on peut regretter le côté un peu anecdotique d’une histoire « one shot », on est assez vite décontenancé par le fait que Kardum est quelqu’un dont on se sent éloigné moralement, puis, au fil de l’aventure, on apprend ses motivations et on se prend à espérer qu’il s’en sorte. Une recherche classique de rédemption, mais avec une route assez surprenante pour y arriver. Du tout bon encore même si parfois le récit est un peu précipité par sa propre densité. Le défaut de sa plus grande qualité somme toute. Il y a beaucoup à expliquer et du coup le format d’une seule bd trouve ses limites.
Au pays des barbus, Kardum est rasé de près.
Niveau dessins on n’a pas droit à un débutant, outre les titres Elfes, Nains, Orcs & Gobelins, vous l’avez peut être vu à l’oeuvre dans des titres comme Le sang du dragon ou même du Star Wars ! Et donc le monsieur sait y faire pour sûr ! Des personnages bien différents, avec des gueules, on s’y retrouve toujours et malgré la masse de dialogues et descriptifs (je vous parlais de densité narrative) on a des planches magnifiques avec des angles intéressants, des cadrages impeccables et sans perdre une seule seconde la qualité des dessins. Du ravissement visuel de bout en bout.
- Les dessins, angles, cadrages.
- Un récit (trop?) riche et dense.
- Les caméos pour les fidèles.
- Un récit bavard avec un sentiment de "tout ça pour un one shot".